En fait, le miel, c’est environ 20% d’eau et 80% de sucre à assimilation rapide sous forme de glucose et de fructose. La proportion peut légèrement varier en fonction de la saison, du moment de la récolte et de l’origine florale. On y trouve également quelques faibles traces de sels minéraux comme le calcium et le potassium ainsi que d’acides aminés. Les vitamines sont quasiment absentes.
Oui, ce propos est désenchanteur. D’autant plus si l’on ajoute que la consommation de miel - en fait, une vomissure de l’insecte et une déjection de pucerons - entre dans les quelque 50 grammes de sucre raffiné à ne pas dépasser quotidiennement et que ses vertus thérapeutiques n’ont pas été démontrées scientifiquement à ce jour. Son pouvoir sucrant est inférieur au sucre mais très légèrement.
Incomparable
Alors, qu’est-ce qui fait le succès du miel? La saveur incomparable de ce produit naturel auquel aucune substance quelconque ne peut être ajoutée ni retirée.
De leur ruche, les abeilles butinent dans un rayon de trois kilomètres. En déplaçant l’habitat, l’apiculteur obtiendra, au gré des floraisons, des miels d’assemblage dits «toutes fleurs» qui sont des chefs d’oeuvre d’équilibre aromatique ou des miels de crû au goût encore plus noble. Le miel de lavande et de l’oranger expriment subtilement leurs délicates origines florales. Celui de sapin de couleur plus foncée rappelle la sève dont il est issu. Les Egyptiens pratiquaient déjà cette transhumance de façon quasi industrielle en remontant le Nil
Le succès du miel est également dû à son origine. Une ruche s’avère une société matriarcale où la reine accouche 2000 fois par jour. Tout juste sortie de l’alvéole, la jeune nymphe se fera femme de ménage puis nourrice avec 1000 repas par larve à servir. Sa vie de butineuse la fera mourir à la tâche après 45 jours sans jamais avoir eu droit au sommeil.
Pour obtenir 1 kilo de miel, 100 000 vols seront nécessaires. Cet étrange labeur forcené pare le miel de toutes les vertus. Rien n’a été pu être prouvé scientifiquement mais l’aspect psychosomatique à ne pas dénigrer de se faire un réel bien en suçant des bonbons au miel en cas d’enrouement est très important.
Dans l’Antiquité, le miel était la nourriture des dieux et dans la Bible, la Terre promise était la contrée «où coulent le lait et le miel».
Bref, aujourd’hui, c’est la civilisation qui nous contemple du haut de notre tartine. La confiture se mange, le miel se déguste.
Claude-Yves Reymond pour Espace Tonique



